En 2012, OpinionWay réalisait un sondage qui révélait que 9 Français sur 10 préféraient vieillir chez eux plutôt que de rejoindre un établissement spécialisé, dans l’hypothèse où leur santé se dégraderait.
Justifié par l’attachement des personnes à leur lieu de vie, cette option est également la plus rationnelle. Le placement en maison de retraite est coûteux : il suppose donc la vente de la maison familiale pour être pouvoir payer les loyers élevés.
Et si les personnes âgées pouvaient préserver leur patrimoine, en finançant des travaux d’adaptation de leur logement par la vente d’un morceau de leur jardin à un autre ménage qui y ferait bâtir sa maison ? Ou s’ils se faisaient construire une petite de maison de plain-pied adaptée à leurs besoins dans leur jardin, tandis qu’ils vendraient la première maison à une famille qui cherche à s’installer sur leur commune ? Le BIMBY peut-être une solution à l’inadaptation de l’habitat au mode de vie des personnes âgées…
Selon un sondage OpinionWay réalisé en 2012, 90% des Français préfèrent adapter leur logement plutôt que d’intégrer une maison de retraite.
Le maintien à domicile peut se révéler une manne d’économies pour les dépenses publiques
Les dispositifs de maintien à domicile ont donc à rôle à jouer dans le bien-être des personnes âgées au quotidien. Si les Français préfèrent vieillir chez eux, c’est avant tout pour des raisons budgétaires : adapter son logement revient a minima à 4 280 euros, alors que le coût moyen mensuel d’une maison de retraite est de 2 200 euros. Et nous ne parlons même pas des raisons émotionnelles !
Muriel Boulmier, présidente du groupe de travail Évolutions démographiques et vieillissement, du Comité européen de coordination de l’habitat social, préconise notamment un réaménagement des aides publiques et du dispositif fiscal, à dépense budgétaire constante : « Souvent inabordable pour une personne seule, le maintien à domicile peut se révéler une manne d’économies pour la dépense publique. Si la prise de conscience collective naissante s’accompagne d’une mutualisation des moyens publics (santé, logement, cohésion sociale), l’économie réalisable pour la dépense publique apparaîtra clairement. En effet, bien que majoritairement propriétaires, les personnes âgées n’ont pas pour autant les moyens d’assumer cette dépense, ou son reste à payer, aides publiques déduites. »
De l’utilité des serious games
Les serious games peuvent entrer dans le cadre du maintien de l’autonomie à domicile. Des projets comme AZ@GAMEproposent par exemple des serious games de santé et d’autonomie sur le lieu de vie. En proposant aux joueurs des activités cognitives et physiques, ils permettent aux professionnels de santé de suivre les personnes à leur domicile tout en apportant une dimension ludique aux exercices.
D’autres outils sont en cours de développement ou déjà sur le marche pour permettre de bien vieillir chez soi grâce aux technologies. Ces innovation sont consultables dans l’infographie ci-dessous.
Vues comme des zones de repli sur soi ou de déclassement des classes populaires, les zones pavillonnaires sont aussi des territoires en pleine mutation, où s’inventent de nouvelles manières d’habiter.
Bienvenue dans l’enfer pavillonnaire. « Dehors, rien, hors le silence et la nuit qui tombe sur les trottoirs. Il y a bien ici et là des parterres tristement fleuris, des pergolas et parfois quelques tentatives pour créer un décors de jardinerie. La rue bordée de barrières en PVC attend un second souffle de vie.» Dans un essai tranchant (1), Jean-Luc Debry a listé tous les griefs qu’une conscience de gauche peut développer à l’encontre de cette France des propriétaires, des ralentisseurs, des ronds-points et de ce que l’auteur appelle le « vivre ensemble séparé ». Des néovillages marketés, où le travail, la consommation et la propriété sont érigés en Sainte-Trinité. L’auteur va même jusqu’à dénoncer une « idéologie pavillonnaire » offrant la possibilité à un « prolétariat pacifié » d’assouvir un rêve «petit-bourgeois» dans ce royaume de la bagnole des balisées. Un véritable «huis clos de l’égo » où l’on vit « ensembles séparé ».
Exagéré ? D’autres voix, en tous cas, commencent à s’élever pour changer le regard sur ce type d’habitat. « Le pavillonnaire, c’est révolutionnaire ! » a même osé le conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (Caue) de l’Essonne, de façon provocatrice, dans sa dernière gazette. Cet organisme départemental, en charge de la promotion de la qualité architecturale, urbaine et paysagère auprès des acteurs locaux, a lancé il y a quelques mois un Observatoire des mutations pavillonnaires.
Le but ? « Montrer que ces quartiers peuvent évoluer et peuvent être aussi porteurs de nouvelles manières d’habiter», explique Nolwenn Marchand, chargée de mission auprès du Caue 91. « Il serait réducteur, explique cette architecte, de ne voir dans ces formes d’habitat que des espaces consommateurs d’espace, énergivores, et producteurs d’un entre-soi. » Au contraire, de nombreuses initiatives se multiplient sur le terrain pour y développer une vie « plus collective, plus solidaire ».
À l’instar du projet de la famille Montfort, éjectée de Paris par les prix de l’immobilier.«Nous ne voulions pas rentrer dans l’environnement pavillonnaire classique, qui participe de l’étalement urbain et ne permet pas de faire face aux enjeux énergétiques futurs », explique Raphaël, le père de famille. Avec sa compagne, ils décide donc d’acheter, avec une autre famille, un pavillon de 300 m2 à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), qu’ils transforment en habitat groupé. Ils ajoutent un escalier extérieur, se partagent les quatre niveaux et mettent en commun la laverie, les caves, le garage à vélo et le jardin. Transformer un pavillon en logement collectif n’est pas le domaine réservé de cadres sup’.
À Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), l’association Solidarités nouvelles pour le logement a métamorphosé une maison en six HLM très sociaux, destinés à accueillir des femmes isolées, précaires ou sans domicile. « Faire du logement individuel partagé, pour les gens perdus, c’est une très bonne solution. On constate vite une véritable entraide, explique Étienne Primard, fondateur de l’association. Très souvent, les habitants s’organisent, pour les trajets maison-école, se rendent des services, pour fêter les anniversaires ensemble…»
Le CAUE du Val-de-Marne a, quant à lui, transformé un pavillon en espace de travail collectif. De nouveaux types de bureaux, appelés «coworking», qui ont le double avantage de réduire la mobilité subie entre domicile et travail et de recréer des petites centralités dans ce qui reste des cités-dortoirs, à vocation monofonctionnelles.
Un terrain d’expérimentations sociales
Au-delà de la transformation du bâti, les zones pavillonnaires sont aussi un terreau d’expérimentation sociale. À Limour-en-Hurepoix, les habitants ont mis en place un pédibus. Fini le ballet des voitures devant l’école : le ramassage scolaire est assuré par des parents bénévoles, à pied, selon un tracé préétabli. L’autopartage, les Amap ou les systèmes d’échanges locaux fleurissent aussi en Essonne, où plus de 50 % du parc de logements est constitué de maisons individuelles. C’est aussi le cas des Incroyables Comestibles. Le principe de ce mouvement est plutôt simple : planter des fruits et des légumes dans les espaces publics, dans des interstices urbains non utilisés, et qui sont offerts à tous.
Quand Elsa a commencé à poser des jardinières d’aromates et de menthe dans sa rue du vieux Corbeil, des voisins, à qui elle n’avait jamais parlé, sont immédiatement entrés en contact avec elle. Athis-Mons, Marcoussis, Étampes, Brunoy… Les Incroyables comestibles ont germé aujourd’hui actif dans une quarantaine de communes du département. Verra-t-on bientôt apparaître des potagers sur les ronds-points ? « Oui ! Cela existe déjà ! », explique-t-on au CAUE 91. « La Communauté d’agglomération des Lacs de l’Essonne a développé une démarche paysagère d’ensemble qui a débouché sur la formation des agents des espaces verts et la mise en place d’une gestion différenciée des espaces publics.» Résultat : des jardins ont bien vu le jour sur les carrefours giratoires…
Bien qu’éparses et balbutiantes, ces initiatives sont autant de pistes pour mieux vivre dans ces territoires périphériques, qu’il faut diffuser largement, explique Nolwenn Marchand. « Les zones pavillonnaires sont le fruit d’une histoire et de décisions politiques qui ont encouragé la production de maisons individuelles et l’accession à la propriété. Ce tissu urbain, qu’on le conteste ou pas, existe. Il est là. Il ne s’agit donc pas de stigmatiser ces territoires, et encore moins leurs habitants, ou de faire table rase, mais plutôt de s’interroger sur la manière dont on peut les faire évoluer.»
De son côté, la sociologue Violaine Girard a aussi démontré combien le développement d’un habitat pavillonnaire dans des zones périurbaines éloignées des grandes métropoles ne se traduit pas nécessairement par une « une démobilisation politique généralisée ni un strict repli sur la sphère domestique ». Ni par un sentiment de relégation ou de déclassement. Dans une étude menée dans des cantons semi-ruraux située à 40 km d’une capitale régionale du Sud-Est (2), où les ouvriers et les employés sont surreprésentés, elle démontre que ces catégories d’accédants à la propriété trouvent dans la sociabilité résidentielle, ainsi que dans la forte vie associative de ces petites communes (association de parents d’élèves, activités sportives, boules…) , une « source d’estime sociale » et « de reconnaissance sociale ». Ces mobilisations associatives, si elles diffèrent des pratiques propres aux classes moyennes, «légitiment l’entrée de nombreux ouvriers et techniciens sur la scène politique municipale ». L’image du « huis clos de l’égo » en prend un sacré coup.
Les professionnels de l’urbanisme de Midi-Pyrénées soutiennent la démarche Bimby (build in my backyard) : un outil de densification douce qui permettrait selon eux de construire plusieurs milliers de logements par an dans des zones pavillonnaires. Des projets sont lancés dans quatre communes de l’aire urbaine. Benoît Lanusse est urbaniste, en charge du projet Bimby à l’APUMP (association des professionnels de l’urbanisme de Midi-Pyrénées). Interview.
Les professionnels de l’urbanisme de Midi-Pyrénées soutiennent la démarche Bimby (build in my backyard) : un outil de densification douce qui permettrait selon eux de construire plusieurs milliers de logements par an dans des zones pavillonnaires. Des projets sont lancés dans quatre communes de l’aire urbaine. Benoît Lanusse est urbaniste, en charge du projet Bimby à l’APUMP (association des professionnels de l’urbanisme de Midi-Pyrénées). Interview.
Les urbanistes de Midi-Pyrénées soutiennent la démarche Bimby, de quoi s’agit-il ?
Le Bimby est un nouveau mode de développement urbain qui vise à densifier des zones pavillonnaires soit en divisant des parcelles déjà construites pour les vendre à un particulier, soit en construisant un second logement sur une même parcelle, après modification du PLU. C’est un moyen de produire du logement sans étalement urbain à l’initiative des habitants et en concertation avec la collectivité, sans spéculation. Cette démarche avait été sélectionnée dès 2009 par l’Agence Nationale de la Recherche dans le cadre de son appel à projet ville durable. Sur l’ensemble du territoire, une vingtaine d’expérimentations sont en cours, menées par des communes, mais nous avons fait le choix en Midi-Pyrénées de créer une dynamique régionale. Au sein de l’APUMP (association des professionnels de l’urbanisme de Midi-Pyrénées), nous informons et proposons des formations à l’attention des architectes, urbanistes, élus…
Quel serait le potentiel de Bimby, pour construire de nouveaux logements en Midi-Pyrénées ?
Il est important ! En effet si l’on prend 50 logements individuels existants et que l’on crée chaque année 1 logement pour 50 maisons existantes, en se basant sur le nombre de maisons individuelles existantes, on pourrait construire 3 000 logements par an sur les 37 communes de Toulouse Métropole, soit la moitié des logements à construire. Sur l’aire urbaine, ce chiffre passe à 5 000 nouveaux logements par an grâce au Bimby et à 10 000 dans toute la région Midi-Pyrénées. C’est pourquoi nous portons ce projet au sein de l’APUMP, c’est un moyen de faire de l’urbanisme de manière un peu fine, et en totale concertation avec les habitants.
Cela modifie aussi totalement les méthodes traditionnelles et remet notamment en cause l’idée que quelques uns puissent décider de l’urbanisme d’une commune.
Quelles sont les communes engagées dans le Bimby dans l’agglomération toulousaine ?
Il y en a quatre à ce jour et la commune la plus avancée est Vigoulet-Auzil dans le territoire du Sicoval, avec 80 familles intéressées par le dispositif. Le PLU devrait être modifié avec le Sicoval. Les autres communes moins avancées, mais néanmoins déjà engagées dans cette démarche sont Cazères, Bouloc, et Verdun-sur-Garonne.
Le document « SCOT et Bimby: Quels points communs ? Quelles articulations ? » a été réalisé par des membres du réseau BIMBY+ et des techniciens volontaires de la FédéSCoT. Il présente de façon générale la démarche Bimby et propose des manières d’en intégrer les possibilités lors de l’élaboration d’un SCOT.
Nouveau : la plateforme villedurable.org référence près de 500 guides techniques et supports méthodologiques en ligne visant la mise en œuvre de projets de développement urbain durable. Ces références sont présentées par thématiques : urbanisme, mobilité, logement, environnement, etc.
En effet, le web recèle une grande richesse de guides méthodologiques accessibles gratuitement, mais la diversité des sources (institutions, associations, …) complique leur identification par les internautes.
Villedurable.org ne détient donc pas les droits des documents proposés, et les documents ne sont pas directement hébergés sur le site, mais notre service consiste à faire le lien vers cette documentation disponible gratuitement et en libre accès sur internet, en renvoyant les lecteurs vers les sites où les documents peuvent être librement téléchargés
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