Immobilier – L’association CLCV dénonce un marché totalement désorganisé. En Aquitaine, les prix sont très variables d’un territoire à l’autre, de manière pas toujours justifiée
Des terrains de plus en plus chers, qui font exploser le prix des logements neufs, de manière pas toujours justifiée. Voici la conclusion d’un rapport de l’association de consommateurs CLCV publié mardi.
60% d’augmentation en 7 ans
Entre 2006 et 2013, le coût du foncier a augmenté trois fois plus vite que celui de la construction : le prix moyen d’un m² de terrain en France s’est accru de 60% (de 46 à 73 euros), contre + 21% pour le prix moyen du m² de bâti (de 1 031 à 1 244 euros).
Cette augmentation est très variable d’un territoire à l’autre car le marché est totalement désorganisé, dénonce l’association, qui a saisi l’Autorité de la concurrence pour faire changer les choses.
Qu’en est-il en Aquitaine ?
En Aquitaine, où les données concernant les prix du foncier sont en accès libre, nous avons pu dresser un bilan de l’évolution du prix au m² des terrains :
Tous les départements sont concernés par la hausse, même si l’écart reste important entre les territoires : le prix des terrains a bien moins augmenté en Dordogne qu’en Gironde ces dernières années.
Conséquence directe de cette augmentation généralisée : les gens achètent plus petit. En sept ans, la surface des terrains achetés en Aquitaine a diminué d’un tiers.
Ces écarts de prix sont-ils justifiés ?
Selon la CLCV, « ces écarts ne peuvent s’expliquer par la seule différence d’attractivité du territoire » puisque les prix du foncier et leur part dans le coût du logement sont parfois très différents sur des territoires a priori très comparables, de par leur densité d’habitat notamment.
Dans le libournais, les écarts de prix sont criants : le prix moyen du terrain peut varier jusqu’à 20 000 euros selon les zones
© PHOTO YANNICK DELNESTE
Ainsi, un terrain pour une maison individuelle coûte en moyenne 33 000 euros et représente 31% du coût de la maison dans la communauté d’agglomération du Libournais, contre 54 000 euros et 47% dans la communauté de communes voisine du Sud Libournais.
Trois types de territoires se distinguent :
Les territoires où le lien entre coût du foncier et densité est net
Il y a beaucoup de demandes, peu de place, donc le prix des terrains augmente. Bordeaux et la communauté Côte Basque Adour figurent dans ce groupe.
Les territoires où le foncier est plus coûteux que ce que laisserait penser la densité
Il s’agit de territoires où il y a de la place et peu de demandes, mais où les prix sont plutôt élevés. Parmi ceux-ci figurent une dizaine d’intercommunalités situées principalement sur le littoral ou dans le Médoc.
Dans ce cas, plusieurs facteurs justifient ces prix : sur la côte, la loi littoral empêche une partie des constructions. Peu d’habitants donc, mais aussi peu de terrains constructibles, d’où la hausse du foncier. Dans le Médoc, une partie du territoire appartient aux AOC viticoles (appellation d’origine contrôlée), qui font grimper les prix globaux des terrains.
Les territoires où le foncier est abordable, à première vue, mais a explosé ces dernières années
Ils sont généralement peu denses (moins de 150 habitants au km²) et majoritairement ruraux.
Beaucoup de place, peu de demandes, le prix moyen des terrains y est faible, bien en dessous de la moyenne nationale (entre 20 et 50€/m²). Cependant, ce sont ces territoires qui ont connu les plus fortes augmentations ces dernières années, de manière inexpliquée.
Neuf communautés de communes ont connu une augmentation record en Aquitaine :
La CLCV propose des mesures
Forte de ce constat, la CLCV a écrit à la ministre du Logement Sylvia Pinel, pour lui demander de mettre en place un « baromètre local des prix du foncier constructible », sur le modèle de ce que publient les notaires sur les prix des logements anciens.
L’association préconise diverses mesures pour réformer le marché foncier :
- L’obtention des permis de construire doit être rendue « plus transparente » elle aussi, via une « mise à disposition au grand public d’une fiche d’information sur les permis délivrés, sur le site internet de la collectivité ».
- La CLCV souhaite aussi que les collectivités locales, l’Etat et les entreprises publiques soient « offensifs » en « libérant plus de terrains et en prévoyant des cessions à coûts réduits pour le logement social ».
- Cet été, le gouvernement a promis des sanctions « plus dissuasives » à l’encontre des villes et collectivités qui n’appliquent pas le quota de 25% de logements sociaux prévu par la loi SRU.